samedi 15 mars 2014

Appel de la Coordination Antifasciste d'Athènes - Le Pirée


Ci-dessous, une version corrigée par nous de l'appel de la coordination antifasciste au festival européen d'avril 2014.

 

Réunion Antifasciste Européenne, 11, 12,13 Avril 2014, Athènes

POUR UNE EUROPE SANS FASCISME, RASCISME ET SEXISME
DANS UN MONDE DE LIBERTE ET DE SOLIDARITE SOCIALE

70 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale et la défaite du fascisme, l’Europe fait face à une montée de l’extrême droite fasciste et raciste. Sur le terreau de la crise économique et de l’attaque féroce envers droits des travailleurs et des peuples, particulièrement en Europe du Sud et de l’ Ouest , dans toute l’ Europe, de la France a l’ Ukraine (avec les Nazis au pouvoir) et de La Norvège à la Grèce, des partis politiques et organisations xénophobes et porteurs de haine, obtiennent une influence de plus en plus importante auprès des couches de la population pauvre et exclue, participent, et définissent parfois, les évolutions politiques, interviennent sans crainte dans les sociétés, les écoles, la rue, les quartiers populaires, mais aussi dans les parlements et les mécanismes de l’Etat, surtout dans la police.

La montée de l’extrême droite raciste et fasciste ne constitue pas un hasard. Elle est favorisée par la politique d’immigration de tous les gouvernements européens, la montée de l’islamophobie, l’Europe-Forteresse, l’hystérie terroriste et la xénophobie des médias dominants. Elle est nourrie par le développement des nationalismes de toute espèce, comme une fausse réponse a la globalisation capitaliste, a l’irresponsabilité impérialiste et la diabolisation des différences culturelles. Elle est accélérée par la brutalité policière, l’exclusion de ses droits d’une large partie des travailleurs et la montée vertigineuse du chômage. Elle est renforcée par la fragmentation sociale et la crise d’identité d’une large partie de la population, le retour à des valeurs traditionnelles (patrie, religion, famille etc.), le renforcement des symboles patriarcaux et sexistes, des stéréotypes sociaux machistes et des modèles militaristes. Enfin, elle est légalisée par le discrédit et la corruption du système politique dominant, par la quasi absence d’une politique radicale et antisystème et par la confusion idéologique d’une large partie des classes ouvrières.

C’est ainsi que, dans se contexte favorable pour eux, celui de la “loi et sécurité”, de la “consolidation de la sécurité” et de la “suppression de la criminalité”, les fascistes et Nazis orientent leurs tirs, réels et idéologiques, contre cet ennemi nouveau : les immigrés et réfugiés, mais aussi les Roms, gays, lesbiennes, trans, séropositifs et, en général, contre tout ce qui diffère des stéréotypes dominants. De même, des mosquées, synagogues et endroits de rassemblement des sans abri ou des toxicomanes subissent la violence nazie. 

Malheureusement, comme autrefois, la parole et l’action fasciste rencontrent les objectifs du pouvoir, même si ce dernier est parfois  obligé de se “battre” ou de restreindre certains de leurs actes. Autrement dit, ils constituent “l’argument final” des Etats, quant tous les autres moyens de manipulation politique et idéologique de la société n’aboutissent pas.

Particulièrement aujourd’hui, où l’attaque néolibérale envers les droits sociaux et les libertés politiques redouble, alors que l’état d’exception constitue le pilier de la politique de la plupart des gouvernements européens, et la stratégie majeure de l’ Union Européenne, aujourd’hui où la démocratie parlementaire se transforme en une “démocratie gouvernementale”, la lutte contre le racisme et le fascisme, pour qu’elle soit efficace, doit se tourner aussi contre tous ceux qui démolissent les sociétés, tous ceux qui, afin de maintenir leur domination, prônent la guerre “entre les pauvres”, tous ceux qui, afin de renforcer l’inégalité sociale, proclament l’uniformité étouffante de la pureté nationale et raciale, de la normalité sexuelle, de l’alignement politique a leur légalité.

Mais les racistes et nazis ont, en face d’eux, un adversaire qui se renforce continuellement : le mouvement massif qui, dans toutes les rues d’Europe se bat non seulement contre le terrorisme fasciste, mais aussi contre tous ceux qui le maintiennent et protègent, contre les politiques impopulaires, contre la promiscuité policière, contre le totalitarisme néolibéral et le système qui essaie de l’imposer.

Ainsi, nous pensons que la Réunion Antifasciste Européenne, qui aura lieu à Athènes, le 11,12 et 13 avril 2014 doit : 

•Envoyer le message clair d’une lutte coordonnée contre le fascisme, avec, notamment, des prises d’initiatives, tant au niveau européen (journées d’action communes, rassemblements devant les ambassades des pays qui sont coupables de crimes racistes, de Lampedusa jusqu’à Farmakonisi) qu’au niveau local ou périphérique (blocage d’un camp de détention d’immigres, soutien a une gay pride là ou elle est interdite etc.)
•Montrer, à travers la campagne de préparation, son événement central et ses ateliers, sa parole mais aussi ses pratiques, son esthétique, que la lutte contre le fascisme et le nazisme  est aussi une lutte contre le racisme et le sexisme. Que, comme un antifasciste ne peut supporter les politiques qui propagent le fascisme, il ne peut non plus être sexiste ou mécontent du nombre d’immigrés qui vivent dans son pays.
•Aider les camarades, natifs ou étrangers, qui luttent contre le fascisme, à connecter leur lutte à celle des différentes couches sociales, spécialement des jeunes, de propager leurs actions à tous les secteurs : la rue, les quartiers, les lieux du travail, les stades, les écoles, l’information mais aussi les tribunaux, les centres de détention etc.
 •Enfin, en vue des élections européennes, contribuer, comme elle peut, à la mise en avant des problèmes majeurs, qui sont souvent minimisés, ceux de l’égalité sociale (indépendamment de l’ascendance ethnique), de l’acceptation des différences, comme mesure de démocratie et non pas exception ou privilège, de l’autogestion du corps humain, de l’abolition de l’ Europe-Forteresse et la consolidation du droit de libre circulation, du rejet total de la violence d’Etat et la pénalisation de la résistance militante, puisque c’est cette violence qui engendre, renforce et légalise le terrorisme fasciste.

Coordination Antifasciste