jeudi 4 septembre 2014

NO PASARAN !

Paru dans le dernier numéro du bulletin du Réseau pour les Droits Politiques et Sociaux. L’article fait le point sur les activités de la Coordination Antifasciste d’Athènes – Le Pirée.

Sur la création de la coordination antifasciste et le festival européen, lire ici.

Le jeudi 5 juin dernier la Coordination Antifasciste d’Athènes – Le Pirée ainsi que d’autres composantes du mouvement antifasciste s’est rassemblée devant l’ambassade française en solidarité avec le mouvement antifasciste français qui organisait des mobilisations le même jour, un an après le meurtre de l’antifasciste C. Méric par un néonazi à Paris. C’était la première d’une série de mobilisations décidées lors de la rencontre antifasciste européenne les 11, 12 et 13 avril. Nous avons voulu de cette façon, et bien entendu devant l’ambassade d’un pays dans lequel le premier parti lors des élections européenne a été l’extrême – droite de M. Le Pen, envoyer un fort message de solidarité internationale et de coordination des luttes au niveau européen. Dans la même logique, répondant à l’appel à la solidarité internationale lancé par l’organisation Borodba le jeudi 8 mai, jour de l’achèvement de la 2ème guerre mondiale et de la défaite du nazisme, nous avons manifesté devant l’ambassade ukrainienne contre la barbarie néonazie qui s’est déchaînée à Odessa et contre le gouvernement d’extrême-droite de Kiev, mais aussi contre tous ceux qui se présentent comme les soi-disant « protecteurs » du peuple ukrainien (USA, UE, Russie).

Et nous continuerons ainsi. Sur la base des précieux acquis de la discussion riche et substantielle qui a eu lieu dans le cadre de la rencontre antifasciste d’Athènes, nous tenterons de contribuer de la façon la plus efficace possible à la coordination du mouvement antifasciste européen et à l’amélioration de la solidarité européenne. Les prochaines étapes décidées en commun par les 32 organisations de 20 pays différents sont les suivantes :

1)      Journées internationales de mémoire et de solidarité pour chaque assassinat d’antifasciste de la part des fascistes, avec des mobilisations dans les villes ou devant les ambassades. Pour la Grèce : un an après l’assassinat de Pavlos Fyssas, le 18 septembre 2014.
2) Création d’une plateforme commune de contre-information et de communication mutuelle, fonctionnant en réseau.
3)   Journée commune d’action paneuropéenne  les 8 ou 9 novembre, en référence au fait que le 9 novembre est la date du noir anniversaire de la Nuit de Crystal, c’est-à-dire du pogrom hitlérien contre la population juive d’Allemagne. L’objectif est que la voix des peuples et du mouvement antifasciste se fasse entendre dans le plus grand nombre de villes européennes.

Cependant, nous sommes conscients que dans le contexte de profonde crise économique et politique du système, de réduction ou de privation de droits pour de larges fractions de la population, de racisme et d’autoritarisme d’Etat, alors que les Etats et gouvernements promeuvent et renforcent les fascistes en jouant en de nombreuses occasions « la carte du fascisme », le recours à la mémoire historique ne suffit pas. Les problèmes de la société appellent des réponses contemporaines et immédiates, liées à la lutte pour la transformation sociale, pour un monde de solidarité, d’égalité et de liberté. Nous n’avons pas beaucoup de temps. Nous menons à l’heure actuelle une lutte dans la rue, qui conduira soit à un développement supplémentaire de l’extrême-droite et des néonazis et à l’écrasement du mouvement et de toute résistance, soit à l’écrasement de ces derniers par le mouvement, ce qui ouvrirait parallèlement la voie au renversement généralisé du système.

Les résultats des élections européennes ne laissent d’ailleurs aucune marge de doute sur la nécessaire montée en puissance du mouvement antifasciste. En France le parti de M. Le Pen est sorti premier en voix et constitue désormais le régulateur incontestable de la situation politique, flirtant ouvertement avec le pouvoir gouvernemental. Dans les pays scandinaves les partis d’extrême-droite sont parvenus à arracher des scores à deux chiffres, alors que dans quelques cas ils participent à des formations gouvernementales. En Bulgarie, à Chypre, en Hongrie, des partis néonazis connaissent une montée menaçante. En Grèce, l’Aube Dorée, en dépit de la crise qu’elle a connu suite à l’assassinat de Pavlos Fyssas et l’emprisonnement de ses cadres dirigeants, présente une résistance notable et même une progression – ses scores ont augmenté par rapport aux élections nationales de 2012 et elle est désormais le troisième parti, tandis que parallèlement elle maintient et renforce constamment son appareil et ses sections d’assaut.

Dans ses conditions le mouvement antifasciste a le devoir de briser l’agenda de l’extrême-droite, des néonazis et du système, tant au niveau national qu’européen, en renforçant l’action antifasciste et en travaillant avec constance et patience à la réalisation de la coordination internationale. C’est seulement par un mouvement de masse, unitaire, internationaliste et combattif qui parviendra à rassembler tou-te-s celles et ceux pour qui le fascisme sera brisé dans la rue et par « ceux d’en bas » - et non par les gouvernements, les juges et les médias, qui ne peuvent ni ne veulent affronter les fascistes -  que nous pourrons remporter des victoires.

Enfin, n’oublions pas la chose suivante : c’est précisément l’existence d’un mouvement vivant et massif qui constitue la raison fondamentale pour laquelle les néonazis ne sont pas parvenus à contrôler totalement les rues et les quartiers en Grèce.

Angeliki Valsamaki
Deltio Thyellis n°39 – Juin 2014