Le vendredi 05
septembre, une manifestation a été organisée par un collectif de 11 organisations
LGBTQI, de la place Varnava (quartier de Pangrati), jusqu’à Syntagma. Cette
initiative répondait à une double motivation. La première était de répondre à
une agression homophobe ayant eu lieu sur la place Varnava deux semaines plus
tôt ; une quinzaine de personnes avait alors attaqué un couple (dont un
immigré), pour des raisons à l’évidence homophobes et racistes. La seconde
était de protester contre le contenu d’un projet de loi antiraciste voté le
jour même au Parlement, qui dans sa version initiale ne faisait aucune allusion
aux violences subies en raison de l’orientation sexuelle ou de l’identité de
genre. Au cours de l’été 2014, cinq agressions homophobes ou transphobes à
Athènes.
La manifestation a
réuni plus de 2000 personnes, ce qui constitue une réussite importante pour le
mouvement LGBTQI. Au cours de la manifestation, on a pu lire sur le mur d’une
Eglise : « Même la Vierge n’était pas normale, puisqu’elle a fait un
enfant avec une fleur de lys » ; sur les banderoles :
« Mieux vaut être une pédale qu’un facho », « on parle d’amour,
on récolte la haine », « mêmes impôts, mêmes droits », « de
Thessalonique à Exarcheia, plus d’agressions transphobes, reprenons la
rue », « L’antiracisme ça veut dire : des droits pour les LGBT,
la régularisation des immigrés, la prison pour les néonazis ».
Le projet de loi est
en cours d’adoption jusqu’à mardi prochain.
Photos de la
manifestation sur le site féministe Fylo Sykis et le journal en ligne vice.com
Ci-dessous, deux
communiqués du collectif et le tract d’ANTARSYA distribué lors de la
manifestation.
Communiqué /
appel
Vendredi 05 septembre, 17h place Varvana,
Pangrati.
Manifestation pour l’antiracisme, le
contrat d’union civile, contre les agressions homophobes et transphobes.
Athènes, 2 septembre 2014
Vendredi après-midi,
à l’heure où sera voté le projet de loi antiraciste, le Parlement doit être relié
à la place Varnava, où à eu lieu la dernière manifestation de haine.
Ces derniers temps,
nous vivons dans les rues de notre ville une escalade d’agressions homophobes
et transphobes, en plus des attaques racistes désormais endémiques.
Des personnages
publics revendiquent le « droit » à la stigmatisation et à la rhétorique
haineuse.
La violence raciste
se trouve normalisée et l’extrême-droite occupe l’espace public, jour après
jour. Désormais, nous ne le ressentons plus seulement dans l’air du temps, mais
dans notre chair même.
La ville nous
appartiens à toutes et tous. Nous ne voulons pas l’offrir à la violence.
Ce vendredi 5
septembre, à 17h, nous nous rassemblerons sur la place Varnava et nous
marcherons jusqu’au Parlement pour unir
les deux lieux et les revendications.
Cet appel s’adresse à
toutes et à tous.
Il nous concerne, car
ce que nous vivons aura pour aboutissement la stigmatisation de tous.
Aujourd’hui ils sont
venus prendre ton voisin.
Demain ?
Organisation :
Réseau LGBTQ d’organisations grecques.
Communiqué /
information sur les événements récents :
Les 2 et 5 septembre,
le projet de loi antiraciste est discuté au Parlement. Les organisations
citoyennes jugent positive l’inclusion de l’orientation sexuelle et de
l’identité de genre dans la définition juridique de l’incitation à la violence
ou à la haine, en espérant que celle-ci sera définitivement maintenue.
Cependant le
gouvernement grec :
-
Refuse d’inclure des amendements qui étendent le
contrat d’union civile (de cohabitation)
aux LGBT.
-
Refuse d’adopter des amendements proposés sur la
protection des victimes de violences racistes.
-
N’amende pas le décret présidentiel relatif à la
mise en place de Bureaux sur la violence raciste de façon à y inclure
l’orientation sexuelle et l’identité de genre, et ainsi rendre plus efficaces
les enquêtes sur les crimes de haine raciste.
-
Malgré nos demandes répétées et malgré les
agressions homophobes et transphobes incessantes qui atteignent une ampleur
inédite – rappelons que nous avons constaté cinq agressions homophobes et
transphobes au cours du mois écoulé –, il ne prend aucune mesure efficace pour
combattre la violence raciste.
Pour toutes ces
raisons, les organisations signataires appellent l’ensemble des citoyens
souhaitant vivre dans une sociétés ouverte et démocratique, sans
discriminations, à manifester pacifiquement avec nous le vendredi 5 septembre
sur la Place Varnava où s’est déroulée l’agression homophobe la plus récente.
Nous manifesterons ensuite jusqu’au Parlement.
NON A LA VIOLENCE RACISTE ET
TRANSPHOBE
NON AU RACISME
EGALITE POUR TOUTES ET TOUS
Tract
d’ANTARSYA
COMPLETE RECONNAISSANCE DE NOS DROITS
STOP AUX AGRESSIONS HOMOPHOBES / TRANSPHOBES
Le contrat d’union
civile est un oubli de plus dans la longue liste des oublis du prétendu
« projet de loi antiraciste ». Oubli, de même que ceux-ci :
« la protection de l’identité de
genre, le droit à l’adoption pour les couples homosexuels, la reconnaissance du
mobile raciste, la régularisation des immigrés, la nationalité pour leurs enfants »
et beaucoup d’autres. De quel antiracisme parle-t-on donc ?
Le gouvernement et
ses tribunaux, qui couvrent les assassins fascistes de l’Aube Dorée ne sont ni
antiracistes, ni antifascistes. Les uns acceptent les Baltakos (1) dans leurs combines
et collaborent avec eux au Parlement pour adopter des mesures et provoquer des
licenciements (voir ERT), et les autres retardent leur procès, régularisent
leurs actions criminelles : présence des néonazis dans les conseils
municipaux et régionaux, et tentative de les ménager en modifiant le code
pénal. Les Marinakis (2), qui s’enrichissent avec la crise et financent sous la
table les sections d’assaut qui ciblent les antifascistes, les syndicalistes,
les immigrés, les LGBTQI, les handicapés ect, ne sont ni antiracistes, ni
antifascistes.
Les intérêts de
classe de ceux d’en haut, qui imposent les mémorandums, les impôts injustes,
les mises en disponibilité et usent de tous les prétextes pour sauver leurs
portefeuilles et leurs banques, comme tous ces « oublis » et la
couverture des néonazis aujourd’hui encore, un an après le meurtre de Fyssas,
constituent l’alibi légal et fondamental de toutes les agressions qu’a subi la
communauté LGBTQI ces derniers temps, l’agression contre les deux homosexuels à
Pangrati en étant l’exemple caractéristique.
Alliés dans le cadre
d’un agenda politique homophobe et transophobe prémédité – visant à diviser
ceux d’en bas et à aider l’Aube Dorée à remettre en place ses sections d’assaut
dans chaque quartier –, citons l’Eglise (qui est allée jusqu’à stigmatiser les
gays), les hommes politiques nationalistes les plus fieffés (Nikolopoulos par
exemple) (3), mais aussi et malheureusement quelques cadres et dirigeants, voire
partis de gauche (Koutsoumba) (4), qui ne conçoivent pas la participation du
mouvement LGBT au renforcement général de la lutte des classes et qui ignorent
totalement les revendications des LGBT pour leurs droits. Pour nous qui luttons
pour les droits des LGBT, nos alliés sont les mouvements ouvriers et populaires
qui luttent contre les licenciements et les contrôles/inspections dans le
public, le mouvement étudiant qui lutte contre les exclusions d’étudiants et la
présence de capitaux privés à l’université, le mouvement antiguerre, le
mouvement antiraciste et antifasciste et l’ensemble de ceux qui luttent contre
la politique de misère qu’ils nous imposent.
Nous exigeons l’égalité
des droits pour les LGBT et non LGBT sans exceptions, la reconnaissance légale
de la famille « multicolore » et la pleine reconnaissance et
protection de l’identité de genre sans conditions. Nous l’obtiendrons par la
mobilisation et non pas en s’enfermant dans la voie législative. La prochaine
étape dans la revendication de nos droits et vers l’unité de l’ensemble de ces
mouvements est le 18 septembre à 18h place Tsaldari, pour commémorer la
première année après l’assassinat de Pavlos Fyssas et pour exiger de pouvoir
fêter la condamnation et la marginalisation des néonazis qui tuent nos frères et
sœurs et tentent de nous terroriser dans nos quartiers.
ANTARSYA, Commission genre et sexualité - LGBTQ
(1) Panagiotis
Baltakos, ex-secrétaire général du gouvernement, poussé à la démission après la
publication par l’Aube Dorée d’une vidéo compromettante, dans laquelle il
s’entretenait en toute cordialité avec le porte-parole néonazi Ilias Kasidiaris
au sujet des procédures lancées par la Nouvelle démocratie contre l’Aube Dorée.
Depuis, il a par exemple pu déclarer : « Si nous unissons la ND,
l’Aube Dorée et les Grecs Indépendants, nous gouvernerons 50 ans. Sinon la
gauche gouvernera ». (www.news247.gr ,
13 avril 2014).
(2) Vangelis
Marinakis, homme d’affaire (armateur) et président du club de l’Olympiakos, a
fait élire un de ses affidés à la tête de la municipalité du Pirée lors des
dernières élections. Une partie importante de l’électorat de l’Aube Dorée s’est
reportée sur son candidat.
(3) Député
de la Nouvelle Démocratie.
(4) Secrétaire
Général du KKE