jeudi 10 octobre 2013

Conférence de presse du Manifeste Antifasciste Européen


 Ce jeudi 10 octobre s'est tenue la première conférence de presse du comité grec du Manifeste Antifasciste Européen, réunissant 70 personnes environ dans le local de l'Union de Rédacteurs de la Presse Quotidienne d'Athènes (ESIEA). Cette initiative, lancée dans l'Etat Espagnol et la Slovénie voici huit mois, a vocation à s'étendre à tous les pays européens. 

Le texte du Manifeste peut être consulté en différentes langues sur les sites suivants:


En Grèce, l'appel a été signé par 53 députés de SYRIZA. Il cherche le soutien de personnalités issues du milieu culturel et artistique.

Nous mettons en ligne une prise de note très partielle de la conférence de presse de ce jour. Elle permettra au lecteur de se faire une idée de la teneur des débats et des personnalités présentes. 

La tribune :



-       Moisis Litsis, animateur de la conférence, journaliste au Journal des Rédacteurs
-       Giorgos Mitralias, initiateur du Manifeste
-       Aris Hatzistefanou, réalisateur des documentaires Debtocracy et Catastroïka
-     Sofia Tzitzikou, vice-présidente du comité national de l’UNICEF, pharmacienne investie dans la défense des droits reproductifs des femmes.
-       Dimitris Vitsas, coordinateur du secrétariat politique de SYRIZA
-       Savvas Michail, dirigeant du Parti Révolutionnaire des Travailleurs (EEK)
-       Dimitris Tsoukalas, député de SYRIZA
-       Giorgos Katrougalos, professeur en droit constitutionnel

Etaient également présents :

Lambros Kanellopoulos, président de l’UNICEF. Dimitris Trimis, Ex-président de l’Union des Rédacteurs de la Presse Quotidienne d’Athènes. Maria Arvaniti-Sotiropoulou, présidente de l’entreprise médicale panhellénique de protection de la nature et contre la menace atomique et biochimique. Pascal Franchet, vice-président du CADTM France.
Et les député-e-s de SYRIZA : Sofia Sakorafa, Vassiliki Katrivanou, Olga Gerovassili, Aphroditi Stampouli, Manolis Glezos, Yannis Milios.

Interventions :

Introduction/présentation de Giorgos Mitralias :
Ce manifeste est la première initiative européenne sur cette question. L’unité la plus large est nécessaire. Une conférence antifasciste réunissant des intellectuels est envisagée. La démarche du Manifeste a été initiée il y a 8 mois dans l’Etat Espagnol et la Slovénie. La dimension européenne du Manifeste ne doit pas se limiter à l’UE, mais doit inclure les pays des Balkans et de l’Est.

Aris Hatzistefanou :
Nous sommes engagés dans la réalisation d’un documentaire ayant l’antifascisme pour thème. Nous souhaitons nous associer à cette initiative. La première partie de ce documentaire sera historique et théorique, la seconde sera consacrée à l’examen du cas grec. Y interviendront des universitaires. L’objectif est de toucher un public large, jeune en particulier (y compris dans les écoles). La première partie sera un matériel libre d’usage pour des réalisateurs souhaitant réaliser une seconde partie en lien avec le phénomène du fascisme dans leur pays.

Sofia Tzitzikou :
60% de la population n’a pas accès au système de santé. Beaucoup de patients atteints de maladies de longue durée doivent abandonner leur traitement au péril de leur vie pour raison économique. Certaines femmes enceintes ne peuvent réaliser aucun examen tout au long de leur grossesse par manque d’argent, et ne peuvent payer que l’accouchement à la maternité. D’autres décident d’avorter parce qu’elles n’avaient pas les moyens de recourir à la contraception et parce qu’elles n’auront pas les moyens d’élever leur enfant. Dans les hôpitaux publics les femmes grecques paient 600 Euros pour accoucher, tandis que les immigrées doivent payer le double.

Dimitris Vitsas :
La cause du fascisme est la profonde crise du capitalisme. La montée du racisme a favorisé le développement du nationalisme. Nous devons contrer la tolérance de la société vis-à-vis du racisme.

Savvas Michaïl :
Dans le cas de mon procès en août sur plainte de l’Aube Dorée, il est inacceptable que le procureur ait reçu la plainte de cette organisation. Une campagne antisémite a parallèlement eu lieu. Cependant un mouvement de soutien international a eu lieu en ma faveur. Sans pratique internationaliste nous ne pouvons vaincre le fascisme ni en Grèce ni ailleurs.
Le capitalisme est la matrice du fascisme. Nous n’en avons pas encore fini avec le fascisme, la lutte véritable commence maintenant. La Troïka nourrit le fascisme. C’est pourquoi nous ne devons pas flirter avec l’arc constitutionnel, mais un arc des opprimés qui sont les victimes du fascisme. Nous avons besoin d’une vision d’une autre société et nous devons parler du socialisme et du communisme.

Dimitris Tsoukalas :
Cette initiative doit être unitaire à laquelle participeront et des députés européens et plus largement des personnalités.

Giorgos Katrougalos :
Quand le sans coule, est-il normal de se préoccuper des institutions ? Dans ces circonstances, la Constitution n’est plus qu’un bout de papier gras. Comme dans la République de Weimar et en Italie où des politiques d’austérité avaient aussi été mises en place, nous sommes confrontés à une forme offensive du capitalisme. L’intensité de la crise est due à la crise du système politique, lequel n’a plus aucune crédibilité. Le renversement de ce système est donc une condition préalable. Nous devons être unis face au fascisme dans nos quartiers, dans le mouvement à l’échelle de l’Europe et de la Grèce. Unis non pas avec les responsables de la flambée du phénomène fasciste.

Interventions de la salle

? écrivain et journaliste:
J’ai été immigré en Allemagne jusqu’en 1992. A cette époque encore des agressions racistes avaient lieu de la part de groupes nazis. Des comités antifascistes s’étaient parallèlement crées dans de nombreuses villes du pays. Ces comités comprenaient des allemands et des immigrés et tentaient de faire face aux agressions néonazies, soit dans les maisons des immigrés, soit dans les centres de demandeurs d’asile où se rendaient de nombreux réfugiés. Une chaîne téléphonique avait été mise en place, dans laquelle chacun devait en contacter un autre en cas d’agression. Ainsi en une demi-heure 500 personnes pouvaient se rassembler sur les lieux.

Kostas Fotinakis, conseiller municipal (Verts) dans la commune de Haïdari :
A Haïdari existait un camp de concentration nazi pendant l’occupation. De plus il existe un réseau des villes qui avaient été détruites par les allemands à l’époque. Nous devrions prendre une initiative avec ce réseau. Le 9 novembre est la journée mondiale contre le racisme et l’antisémitisme. Il faudrait rebondir sur cette date pour alimenter la dynamique du Manifeste.

Petros Konstantinou, militant du SEK et de KEERFA, conseiller municipal ANTARSYA à Athènes :
Le Manifeste antifasciste nous offre la possibilité de discuter avec d’autres pays. Sous la pression du mouvement le gouvernement a dû ouvrir le dossier de l’Aube Dorée. Auparavant l’Etat n’a fait qu’ouvrir la voie à l’Aube Dorée en couvrant ses actions et en adoptant la totalité de son agenda raciste. Nous ne saluerons donc pas l’initiative de Samaras. De même dans le cas de Lampedusa, l’UE par ses politiques est totalement responsable des morts.
Nous sommes favorables à un mouvement européen, KEERFA est prête à discuter d’initiatives communes mais dans le refus absolu de faire quoi que ce soit avec des partis de droite. La lutte contre le fascisme doit être menée dans la rue.

Maria Gasouka, Professeur à l’Université d’Egée :
Le sexisme doit être évoqué de façon plus claire dans le Manifeste, car le fascisme a un sexe. Les femmes font partie des premières cibles du fascisme, et nous ne devons pas oublier le triptyque de l’idéologie fasciste (les 3K en langue allemande) qui est : Enfants, Eglise, Cuisine.

Nikos Skorinis, Secrétaire Général de la Confédération Générale des Professionnels, Artisans et Commerçants de Grèce (GSEBEE) :
70 ans ont passé depuis la seconde guerre mondiale, et je constate en discutant avec les jeunes qui viennent dans ma librairie qu’ils ignorent tout de la question du fascisme. Nous devons trouver le moyen de nous rapprocher des jeunes.

Panos Trigazis, économiste, membre de SYRIZA :
Le Manifeste devrait se revendiquer « paneuropéen » et pas seulement « européen », car l’Europe n’est pas l’Union Européenne. Des antifascistes de pays de l’est tels que la Russie et la Turquie devraient pouvoir le signer. Il existe un mouvement antifasciste puissant en Turquie. J’ai d’ailleurs discuté avec la fondation Nazim Hikmet qui désire participer à l’initiative. Nous devons aussi utiliser l’arme du droit international.

Marios Soussis, membre de l’association des descendants des victimes de la Shoah :
On assiste aujourd’hui à un retour du fascisme en Grèce. L’intervenant a ensuite évoqué le souvenir de la révolte de 300 juifs grecs dans le camp d’extermination d’Auschwitz le 07 octobre 1944.

Conclusion Giorgos Mitralias :
Nous pouvons considérer qu’à partir de ce jour le comité grec de la campagne européenne est lancé. Chacun est invité à signer le texte de l’initiative.