Après le Comité Central de Syriza, cet article du journal du parti I Avgi fait état des débats autour de la présentation d'Alexis Tsipras à la présidence de la Commission Européenne.
Le Comité Central de SYRIZA a approuvé
à une large majorité la proposition du Bureau du Parti de la Gauche Européenne
de présenter la candidature du président de SYRIZA, Alexis Tsipras pour la présidence
de la Commission aux prochaines élections européennes (deux voix « contre »
et deux « blancs »).
La suggestion du Bureau du PGE de
proposer le président du parti comme candidat à la présidence de la Commission
est une reconnaissance morale, politique et idéologique, a déclaré dans son
discours A. Tsipras. Le député européen du parti Nikos Chountis a salué dans
son intervention la candidature. Antonis Davanellos et Panos Kosmas (1) ont
exprimé leur désaccord avec elle.
« Il s’agit d’une reconnaissance
morale et politique, mais aussi d’une reconnaissance idéologique pour notre
parti » a déclaré A. Tsipras. Il a ajouté : « L’Europe est en
guerre. En guerre économique avec des millions de victimes. (…) La première
ligne de cette guerre se trouve en Europe du Sud, en Grèce ». Il a de plus
relevé que le message contenu dans ce geste est que « de même que la
politique des mémorandums et de l’austérité dévastatrice a commencé en Grèce, c’est
à partir de la Grèce que sera ouverte une voie nouvelle pour une Europe des
droits sociaux, du travail, de la croissance, pour les besoins humains ».
Nikos Chountis (2): la candidature de Tsipras est un
fait positif.
La candidature Tsipras peut servir la
lutte que nous menons ici. Les prochaines élections européennes sont très
importantes.
N. Chountis a encore indiqué que nous
devions cesser de considérer les questions européennes comme déconnectées des
enjeux internes. Même si les mémorandums s’arrêtent, la surveillance de la
Troïka va se poursuivre. Ils veulent « serrer » le cadre institutionnel
de la législation européenne sous la « tenaille » de l’accord de
stabilité. En cas de manque de financement hors mémorandum, le financement qu’ils
mettront en place sera régi par une logique mémorandaire.
La théorie des deux extrêmes, qu’on
entend aussi sur de nombreux bancs du Parlement européen, a pour cible la
gauche. Ils ont peur d’un gouvernement de la gauche, qui dirait « stop ».
Désaccord de Davanellos
La candidature de Tsipras à la
Commission est une erreur. Elle aura des effets négatifs pour lui-même. La
Commission est le quartier général dans cette guerre, un peu comme la
Wehrmacht. C’est comme si la gauche avait revendiqué en 1848 ou 1871 la
présidence de la « Sainte Alliance ».
A. Davanellos a aussi relevé dans son
intervention : « Qu’est-ce que ça veut dire que SYRIZA garantit la
stabilité ? Les choses évoluent d’une façon qui ressemble à la période
1960-1967. Ils essayent de mettre en place un scénario d’unité nationale hors
de l’environnement de Samaras. L’objectif c’est l’écrasement de l’Aube Dorée.
En revanche, le fait de voter tous ensemble la suspension du financement est
nous tirer une balle dans le pied. Les conséquences seront sérieuses pour le
mouvement antifasciste. Les responsabilités du gouvernement dans la montée de l’Aube
Dorée seront effacées ».
(1) Antonis Davanellos est membre de la
direction de DEA (Gauche ouvrière internationaliste). Panos Kosmas est membre
de la direction de Kokkino (Rouge). Ces deux organisations animent avec APO
(Groupe politique anticapitaliste) le Réseau Rouge de Syriza.
(2) Nikos Chountis était membre de
Synaspismos jusqu’à l’autodissolution de ce parti en juin 2013, en vue du
congrès faisant de la coalition Syriza un parti.