Déclaration de Petros Constantinou, conseiller municipal ANTARSYA à Athènes et coordinateur
de la KEERFA, au sujet d'une affaire qui occupe les médias grecs depuis plus d'une semaine, et qui fait écho à la campagne anti-rom en France.
Voir l'article du Matin sur cette affaire.
Sous
le prétexte de la “découverte” de la petite Maria, un enfant rom blond a
Farsala, après une descente des forces de police dans le camp (que les « résultats »
de la recherche n’ont pas pu justifier), une poussière raciste s’est soulevée
en Grèce et dans plusieurs pays.
Divers
crocodiles progouvernementaux sont tombés du ciel, découvrant qu’il existe des
Roms qui ne déclarent pas leurs enfants à l’Etat Civil, de la même manière qu’après
l’assassinat de Pavlos Fyssas par l’Aube Dorée, ils découvraient qu’ « il
existe des section d’assauts meurtrières ».
Est-ce-que
réellement un représentant quelconque de la police nationale peut raconter de
la façon la plus misérable qu’ « il n’existe pas de Roms
blonds » et continuer à occuper son poste ? Avant même d’enquêter sur
l’affaire, ils ont commencé à répandre les accusations et les préjugés envers
tous les Roms activant le vieux stéréotype bien connu “les gitans volent les
enfants”! Ne savent-ils donc pas qu’il existe des milliers de Roms sans nationalité
non recensés ?
Malheureusement,
l’ex-Défenseur du Citoyen et actuel Maire d’Athènes, G. Kaminis, s’est joint à
la chasse aux voix de droite en vue des élections, se dépêchant de déplacer du
personnel du bureau d’Etat Civil dans l’idée que « certains couvriraient
des réseaux de commerce de nourrissons ». Il ferait mieux de condamner la
campagne raciste envers les Roms et attendre que l’enquête au sujet de la
petite fille se clarifie plutôt que de courir derrière quelques minutes de
publicité inutile.
Nous
devons rejeter cette campagne qui ouvre la voie aux pogroms contre les Roms,
aux attaques criminelles des néonazis et à une plus grande marginalisation
raciste des Roms.
La
découverte de la criminalité dans les camps roms ou sont visées 400 000
personnes sur l’autel de l’hystérie raciste du gouvernement Samaras devant
l’impasse de sa politique qui sème la pauvreté est une misérable politique
d’élargissement des opérations racistes de « balayage » contre les immigrés
dans les rues aux camps de Roms. Vont-ils aller jusqu'à enfermer aussi les Roms
dans les camps de concentration ? Sur la totalité de ceux qui ont été interpelés
dans les camps, 10% ont été maintenus en détention et conduits en prison … principalement
pour des infractions au code de la route et en raison de raccordements illégaux
au réseau électrique!
Des
attaques de l’Aube Dorée contre des camps de Roms avaient précédé cette affaire.
Des maires qui lorgnent vers une éventuelle collaboration électorale avec les néonazis
bénéficient de l’aide de Dendias, le ministre de l’intérieur, pour mettre en
œuvre le programme « loi et ordre » et des chasses à l’homme racistes
« pour des villes et des villages propres ».
Un
gouvernement qui se prépare à procéder à des licenciements en masse et à un
nouveau mémorandum pour satisfaire la Troïka et les banquiers, ajoute les Roms
à coté des immigrés sur la liste des boucs émissaires responsables de l’échec
de sa politique.
Ils
hurlent de façon hystérique sur la nécessité de protéger les enfants, eux qui
laissent les femmes accoucher chez elles parce que dans les hôpitaux les
attendent une facture qu’elles ne peuvent pas payer en tant que mères pauvres
et sans couverture sociale. N’ont-ils jamais entendu parler de mères qui
abandonnent leur enfant à la maternité parce qu’elles n’ont pas de quoi se
nourrir elles-mêmes? Où mène le double tarif de l’accouchement d’une mère étrangère
dans une maternité, quand les Roms sont traités de la même manière ? Ils
crient que ces derniers ne déclarent pas tout de suite leurs enfants aux
bureaux d’Etat Civil parce « ce sont des fraudeurs qui demandent des
allocations » et bien sûr pour passer des vacances dans des camps misérables
avec les rats.
Des
milliers de Roms gagnent leur vie dans des conditions de travail dures et
d’exploitation sauvage. En quoi la politique de la Mairie d’Athènes les
a-t-elle aidés ? Leur a-t-elle donné des espaces pour vendre dans la
rue? Au contraire, ont été dernièrement visées comme « criminelles de la
vente parallèle » des femmes Roms qui vendent des vêtements debout. Peut-être
le maire prépare-t-il une nouvelle opération « coup de balai » ?
La
pauvreté massive et l’abandon des Roms à leur sort a permis le développement de
milieux qui pratiquent le commerce
d’enfants ou d’organes mais ce n’est pas la seule catégorie de la population
qui vit la crise de cette manière. Les politiques des gouvernements nourrissent
ces situations et le racisme les renforce.
Au
lieu de trainer en justice les Roms pauvres, Samaras et Dendias feraient mieux
de prendre leurs responsabilités et développer une politique d’Etat social pour
des conditions humaines d’habitat dans les camps, pour y mettre l’électricité,
l’eau et le tout-à-l’égout. Au lieu de cela, les mairies perçoivent les
subventions pour installer des habitations et découvrent des années après (au
terme des programmes décennaux) que les camps sont débordés !
Au
lieu de pleurer des larmes de crocodile sur les enfants qui mendient dans les
rues autour des restaurants de la ville touristique d’Athènes, qu’ils nous
disent pourquoi depuis le début de l’été ils n’ont pas donné leur accord pour
que soient rallongés les programmes d’enseignement pour les enfants roms ?
Les ont-ils prolongés ou bien vont-ils se terminer définitivement le 31/12/13 ?
La
campagne contre les groupes sensibles « irresponsables» est une des plus écœurantes
dans l’arsenal la ND. Ce sont eux-mêmes qui parlent de « fonctionnement
libre du marché » pour désigner la criminalité de leurs amis riches qui
ont vidé les Caisses de Retraites avec les émissions obligataires, raison pour
laquelle les banques sont financées par les millions des coupes de budget sur
la santé, les prestations sociales, et la politique sociale pour les groupes sociaux
sensibles.
La
sortie de l’arsenal du racisme des vieilles superstitions contre les Roms
provoque l’horreur pour ceux d’entre nous qui n’oublient pas l’Holocauste de
Hitler qui, a côté de l’élimination de 6 millions de Juifs, a provoqué celle
d’un autre million de Roms.
En
Europe, le racisme contre les Roms avec l’adoption de politiques de haine par
des gouvernements néolibéraux et socio-libéraux, a ouvert de nouvelles marges de
manœuvres aux fascistes. En Hongrie ils ont construit des murs pour séparer les
habitations des Roms de celles des habitants roumains. En France Hollande a envoyé
la police arrêter une lycéenne de 15 ans dans un bus scolaire et l’a expulsée
au Kosovo, dans un pays où elle n’était jamais allé !
Nous devons rejeter la nouvelle campagne raciste contre les
Roms, qui donne de l’air dans les voiles de la montée des néonazis dans toute
l’Europe.
Bas les pattes des Roms, bas les pattes des femmes!