Cet article émane du Réseau Rouge de Syriza, coanimateur de la plateforme de gauche de cette dernière avec le Courant de Gauche de Panagiotis Lafazanis. Il résume la position de ses composantes DEA, Kokkino et APO lors du dernier Comité Central de Syriza.
La question de la candidature d'Alexis Tsipras pour la direction de la commission européenne qui est évoquée plus bas a été âprement débattue lors de la réunion du CC. Elle révèle des désaccords importants au sein de Syriza quant à ses rapports aux institutions européennes, certains s'opposant à l'"euroscepticisme" qu'ils dénoncent comme une orientation de droite. L'article ci-dessous n'aborde pas le problème dans le détail. Le Monde avait en revanche consacré un article à ce sujet au début du mois.
La séance du Comité
Central de SYRIZA (dimanche 20 octobre) s’est achevée par le vote à la majorité
de la résolution politique et de la proposition émanant du Parti de la Gauche
Européenne pour la candidature du camarade A. Tsipras à la direction de la
Commission. La plateforme de gauche a voté blanc.
Le rapport d’A. Tsipras, mais aussi
celui du secrétaire D. Vitsas, ont mis l’accent sur la confrontation avec la ND,
déclarant que les impasses de Samaras sont insurmontables et se focalisant sur
la perspective gouvernementale de SYRIZA. Tout en évitant de traiter sur le
fond les points difficiles que la conjoncture a révélé, comme la confrontation
non seulement avec la théorie des deux extrêmes, mais aussi avec la logique de
l’ « arc constitutionnel », la nécessité de clarifier l’alternative
politique dans les conditions actuelles, le lien entre la lutte antifasciste et
la lutte contre les mémorandums, les conditions de régénération des résistances
ouvrières et sociales ect.
Cependant le contenu de la discussion
a été déterminé par le choix de la majorité de faire voter par le groupe parlementaire
de SYRIZA avec la ND, le PASOK et DIMAR, l’amendement pour l’arrêt du
financement de l’Aube Dorée par l’Etat, mardi prochain.
Autour de cette question ont émergé l’ensemble
des problèmes de la période et se sont exprimées les différentes opinions et
évaluations concernant le mouvement, les impasses mais aussi les initiatives du
bloc gouvernemental mémorandaire, les choix de SYRIZA.
Les dirigeants de la plateforme de
gauche ont depuis longtemps souligné le problème que pose ce choix qui a pour
enjeu central l’acceptation que soit intégré à cet amendement contesté la loi
187A - aussi connue sous le nom de « loi de terreur » - qui est sans
rapport avec les poursuites contre l’Aube Dorée et constitue par ailleurs un
véritable monument antidémocratique, car elle induit des poursuites envers les
idées et les objectifs du mouvement de masse et vise ses actions et ses
pratiques. Ce que la gauche avait condamné à l’unanimité au moment de son
adoption.
Autour de cette question ont été posés
les problèmes afférant à la tactique de SYRIZA face aux choix du camp
bourgeois, en mettant l’accent sur les voix et les manœuvres qu’il compte mettre
en œuvre pour pousser SYRIZA à l’intérieur du cadre systémique de l’ « arc
constitutionnel ». Mais aussi le fonctionnement du parti lui-même, du fait
que cette très importante décision ait été prise hors du Comité Central ou du
Secrétariat Politique, et ait été communiquée publiquement avant la séance du
CC, préjugeant des différentes décisions possibles.
Ont fait forte impression, d’une part
la décision de nombreux membres de la majorité (de l’ancien Synaspismos) de ne
pas prendre la parole, et d’autre part la tentative de dirigeants d’ANASA (1)
de défendre le choix de voter l’amendement au nom de la lutte antifasciste.
Les dirigeants du Réseau Rouge, dans
le cadre des positions maintenues par la plateforme de gauche et qui ont
finalement été consignées dans une déclaration déposée au Bureau par trois
signataires (Kantaras, Belantis, Bolari) (2), a souligné que la perspective de
SYRIZA comme possible gouvernement de gauche est indissociablement liée d’une
part aux résistances ouvrières et sociales et d’autre part au caractère
clairement anti systémique de SYRIZA qui a été déterminant dans sa progression
foudroyante dans l’opinion et qui l’a placé dans sa position d’opposition officielle.
Ces positions conduisent à la mise en œuvre
d’actions de soutien aux luttes ouvrières et à la constitution et consolidation
de comités populaires de résistance et de renversement du système. A des actions
au service de la lutte antifasciste de la part du mouvement et de la gauche, de
façon à ce que la purge des structures étatiques des éléments fascistes et la
défaite définitive des organisations et des idées fascistes aillent à leur
terme, ainsi que la clarification et la radicalisation de l’alternative proposée
par SYRIZA face à toute sorte d’incarnation locale ou européenne du système.
Les choix d’orientation qui brouillent
les repères politiques de la part du camp bourgeois et de ses représentants
politiques – qu’ils s’expriment dans la perception d’extrême-droite de la « théorie
des deux extrêmes », ou en direction de l’ « arc constitutionnel »
et d’un éventuel gouvernement d’unité nationale - compromettent la perspective
de gouvernement de la gauche et l’espoir populaire.
(1)
ANASA
est un réseau qui regroupe les organisations AKOA, ROSA et des membres
indépendants de SYRIZA. Il fait partie de la majorité de SYRIZA.
(2)
Tassos
Kantaras, Dimitris Belantis et Maria Bolari sont membres du CC de SYRIZA. Maria
Bolari est députée et membre de DEA.