Les
immigrés sont les damnés de la Terre, grecs et étrangers, travailleurs unis
Au moment le plus critique de
l’histoire d’après-guerre, où l’ouragan des mémorandums écrase les travailleurs
et détruit leurs droits collectifs, dans une époque où la crise économique
plonge la société dans un phénomène de barbarie et d’anthropophagie, nous
continuerons, comme nous l’avons fait jusqu’ici, à prendre la défense des
parias hier de la « croissance » et aujourd’hui de la crise, des
immigrés, sans silences embarrassés, sans culpabilité et sans ambiguïté, sans
rien attendre en retour, refusant de négocier nos valeurs sur le terrain
vulgaire et confortable de leurs ennemis.
Parce que c’est juste !
Contre l’hystérie anti-immigrée
La politique d’attaques contre les
immigrés des ces quatre dernières années, avec pour sommet l’année en cours, a
eu des conséquences dramatiques pour les immigrés, excluant et plongeant dans
la misère les couches les plus fragiles ou vulnérables, marginalisant une
grande partie de ceux qui avaient déjà intégré la réalité grecque et plongeant
insensiblement tout le monde dans la peur et l’insécurité. Les règles de
cohabitation qu’ils avaient conquis ont été parallèlement frappées de façon
violente et brutale, des valeurs stables et des certitudes se sont effondrées,
influençant de façon catastrophique et dangereuse les processus de formation
des consciences sociales.
Les concepts de réfugié et de migrant,
de refuge politique et économique, se sont complexifiés et la distinction est
devenue difficile, mais aussi souvent injuste et inhumaine.
L’immigration de travail est devenue
une immigration de refuge, d’individuelle elle est devenue familiale, des
couches moyennes elle a gagné les plus pauvres et non qualifiées, les
mécanismes locaux d’inclusion et d’assimilation ont reculé face à de très
résistants réseaux de passeurs et d’exploiteurs, les législations prohibitives
et les pratiques répressives ont rendu l’action encore plus difficile et ont en particulier encore plus
exposés les individus à la violence et à l’exploitation.
Même si la guerre des chiffres
brouille les cartes et empêche une estimation fiable des ordres de grandeur,
chacun peut voir que l’image d’accroissement de l’immigration est en partie
réelle, comme résultat de la mondialisation de la pauvreté, des guerres, de la
rapidité de l’information et des circuits de haute spéculation, et en partie
fictive, conséquence de l’accumulation passagère d’hommes enfermés, de leur
marginalisation et de la rhétorique d’extrême-droite qui exploite et gonfle le
phénomène.
Du reste, l’entreprise de Xenios Zeus
n’a pas donné raison à la politique du chiffre, puisque pas même un immigré
interpellé sur 13 n’a été trouvé sans
papiers (de façon significative, sur les 57 000 personnes contrôlées
jusqu’au 12/12/12, environ 4000 étaient sans papiers et encore moins ont atteint
les camps de rétention).
Les responsables traitent
leurs victimes d’ « envahisseurs »
Tandis que l’Europe-forteresse
renforce ses murailles et augmente le niveau de ses exigences envers les pays
de la périphérie, imposant la « libysation » de la Grèce, les
réfugiés – migrants se trouvent enfermés dans le pays, et les quartiers de la
ville dégradés depuis des années, dédiés à une immigration intérieure pauvre
dans les années 1960-70, se remplissent aujourd’hui de ces prisonniers. Les
problèmes de pauvreté et de dégradation qui existaient déjà s’exacerbent et se
mettent en place des cercles vicieux d’appauvrissement généralisé.
La barbarie d’extrême
droite et le fascisme dans l’Etat
Et par conséquent la brutalité
planifiée des diversions politiques, combinée à la propagande d’extrême droite
agit dramatiquement, cultivant et renforçant des idéologies de haine, discriminatoires
et ségrégationnistes, minant la cohésion sociale. Le terme « migrants
illégaux », dans toute sa charge négative, est entré avec succès dans le
vocabulaire quotidien, le « permis de séjour », les expulsions, les
centres de rétention sont intégrés dans la conscience de larges secteurs de la
société. Le corps social est poussé à s’accoutumer à la violence envers les
immigrés, à ne pas s’opposer aux irruptions armées dans les autobus et les
domiciles, à vivre à côté d’un camp de concentration, avec des centaines de
personnes accrochés aux fils de fer barbelés, à accepter la violence, la
répression brutale, les agressions racistes et dégradantes, sans s’en inquiéter
ni en avoir honte. Les troupes armées des forces spéciales et les bandes armées
de gros bras casqués en blousons noirs tentent de transformer les quartiers
déqualifiés des villes en terrain de démonstration de la barbarie néofasciste,
afin que les passants se taisent et que les victimes de la violence ne
reçoivent jamais justice. Les politiques d’intimidation sont devenues des
outils de gestion de la subordination et de la soumission de la société.
Nous refusons de
capituler sur ce que nous avons toujours défendu
Nous refusons d’accepter qu’il y ait des
« individus clandestins » ou des « vies clandestines », car
nous ne négocions pas la valeur de l’Homme.
Nous refusons d’admettre que le droit au travail, à
la santé, à la liberté, à la vie dépendent d’une autorisation administrative,
d’une invention dédiée au contrôle des vies humaines, le « permis de
séjour ».
Nous refusons d’admettre que la sécurité et la
cohésion sociale soient assurées par la violence, les camps de concentration et
les expulsions massives, car elles produisent la haine et le racisme, et on ne
peut construire une société avec ces ingrédients.
Nous refusons d’accepter les camps de
concentration, où on entasse des personnes sans condamnation pénale, sans
nourriture suffisante, sans hygiène, coupés des structures de solidarité, sans
issue, pour qu’ils retournent dans la société six à douze mois après, encore
plus marginalisés qu’ils ne l’étaient auparavant.
Nous refusons d’accepter que les enfants des
immigrés doivent subir le même que leurs parents, immigrés eux aussi,
prisonniers des permis de séjour, des timbres [récépissés, attestations], de l’exploitation patronale, de
l’arbitraire policier, exclus de l’enseignement supérieur, de la santé, de la
culture, des droits élémentaires de chaque jeune.
Nous refusons la mise en accusation collective dont
font l’objet les immigrés concernant la criminalité générée par la crise
économique et sociale, leur condamnation à la clandestinité et leur prise en
otage par les clans politiques, à l’extérieur comme à l’intérieur de la Grèce.
Nous refusons la mise sur un pied d’égalité de la
délinquance des pauvres avec la violence organisée des puissants et la violence
des fascistes.
Nous refusons d’admettre la division de la classe
ouvrière sur la base de l’origine ethnique de ceux qui la constituent, car nous
maintenons que ce qui unit « ceux d’en bas » est leur place dans la
production, que ceux qui font l’objet de l’exploitation et de l’oppression ont
des intérêts communs.
Dans le monde des
patrons nous sommes tous étrangers
Le phénomène de l’immigration avec ses
caractéristiques actuelles est une conséquence de la mondialisation, de la
pauvreté et des inégalités. La guerre contre les immigrés est une guerre contre
les pauvres, contre la fraction la plus exclue et la plus marginalisée de notre
société, ce que nous vivons de la façon la plus claire avec la violente
offensive du capital et les inégalités de richesses.
Dans cette guerre, nous sommes
moralement, idéologiquement et politiquement du côté des migrants, car nous sommes du côté des
pauvres. Car nous luttons pour l’unité des travailleurs, pour le développement
de la solidarité internationale et de classe.
La défense des migrants est une
défense de notre propre société, car les immigré-e-s en sont une composante,
car pour nous chaque personne qui se trouve ici fait partie de notre société,
sans qu’il ait besoin d’autorisation administrative pour cela.
C’est la défense du monde du travail,
car les immigrés sont une partie du monde du travail, la plus exploitée et la
plus opprimée.
C’est la défense de la justice
sociale, de l’égalité et de la liberté contre le système de la ségrégation, de
la discrimination, de la criminalisation et de l’exploitation.
C’est la lutte contre les politiques
de haine qui cherchent à ériger une société d’enfermement, méfiante et hostile,
cannibale et délatrice.
C’est pourquoi nous luttons
pour :
La régularisation de tous les immigré-e-s qui se
trouvent dans le pays, pour qu’ils sortent de cette situation floue et
deviennent porteurs de droits et devoirs, dans l’intérêt de toute la société.
La dépénalisation de l’immigration car le droit à la
vie ne peut être un crime.
L’asile pour les réfugiés des violences de
guerre, de la pauvreté, de la mondialisation, des crises sociales et des
catastrophes environnementales.
L’abolition des règles de Dublin II et retrait de
l’Accord Européen sur l’Asile et l’Immigration.
L’assurance des
processus de déplacement
des réfugiés – immigrés vers leurs pays de destination pour que l’Europe en
assume les coûts sur une planète qui gémit des guerres, de l’exploitation et de
la misère.
La dissociation du droit de séjour des
exigences étouffantes et des pré-requis inaccessibles et incompatibles avec les
circonstances de la crise (timbre, contrat de travail, etc…) pour éviter la
dé-régularisation de personnes qui ont déjà intégré la réalité grecque.
L’égalité d’accès aux droits à la santé, à l’éducation,
au logement, au travail, pour que cesse le pouvoir des réseaux d’exploitation.
Une éducation
antifasciste dans les
écoles, des actions antifascistes dans les hôpitaux, les usines, les quartiers pour
que les serpents du nazisme ne grandissent, la création d’initiatives
antifascistes et de structures visibles de solidarité sociale partout, afin
d’enrayer la démagogie et la terreur fasciste.
La condamnation des
coupables
d’incitations et de tentatives de violences racistes, ainsi que la protection
des victimes, pour que s’arrête l’horreur des raids fascistes.
Parce que nous ne voulons pas d’une société de
tolérance, mais une société de solidarité, de participation égale et de droits
égaux.
Parce que seule la participation et la
solidarité peuvent construire des sociétés cohérentes, et qu’elles sont le seul
bouclier de protection contre toutes les formes de barbarie et de crime.
Parce que nous luttons pour notre dignité à
tous.
Parce
que c’est juste !