vendredi 10 janvier 2014

Congrès du PGE : un New Deal européen est-il possible ?


Un article du Réseau Rouge de SYRIZA. L'auteur est dirigeant de DEA.


Antonis Davanellos | 19.12.2013

Alexis Tsipras, s’exprimant devant le congrès du PGE à Madrid, a caractérisé les prochaines élections européennes comme « une occasion unique pour les peuples d’Europe de faire du changement une réalité… »

Nous ne partageons pas cette évaluation : l’UE actuelle ne changera pas par le biais des élections européennes, dans la mesure où aucune estimation ne permet de croire que les pourcentages du PGE suffiront à provoquer le séisme politique nécessaire y compris à des réformes limitées de l’architecture européenne.

Au contraire, comme nous en avions fait la mise en garde auparavant, les ajustements politiques vers la modération de SYRIZA, « suggérés » par les partis-membres du PGE n’ont pas manqués au congrès.

UE

La critique à l’UE réellement existante s’est limitée à « des défauts, des lacunes et des asymétries déstabilisantes (?) du projet ». Chacun aura du mal à reconnaître dans cette critique les thèses fondatrices et de congrès de SYRIZA.

Même chose pour les propositions programmatiques. Pour ce qui est de la dette, l’attention s’est concentrée sur la revendication d’ « une Conférence Européenne sur la Dette » qui, dit-on, «donnera une solution définitive et viable au problème ». La politique concernant les banques se réduit à la revendication d’un « décret législatif… qui séparera les activités commerciales des activités d’investissement ». L’orientation de taxation du capital et de la richesse a été « résumée » dans la demande de « législation fiscale européenne contre les activités commerciales et économiques offshore ». C’est ainsi qu’a été formulée la proposition d’un « New Deal » européen qui, je cite, « combattra le chômage et financera l’avenir de l’Europe ».

Franchement, qui va « convaincre », et comment, les mécanismes européens et les banques pour opérer un retour du néolibéralisme sauvage à un pur keynésianisme ? Qui va convaincre, et comment, les travailleurs d’Europe d’attendre une réduction du chômage dans le cadre d’un « nouveau pacte » avec les gouvernements ou le capital ? Rappelons également à tous les nostalgiques de Roosevelt, que le capitalisme n’est pas sorti de la crise de 1929 par la New Deal, mais par la boucherie de la 2ème guerre mondiale…

Des problèmes analogues se sont aussi posés dans les questions politiques immédiates et en particulier dans la stratégie face à la social-démocratie européenne. Pierre Laurent, secrétaire du PC français, a été réélu avec 78,6% des voix. Ce qui a provoqué le départ (temporaire) du Parti de Gauche de Jean Luc Mélenchon du PGE.

Avertissement

Martine Billard, coprésidente du Parti de Gauche, a déclaré à Libération : « On considère que préparer une campagne européenne avec un président du PGE qui appelle à aller à Paris aux municipales avec des représentants de la social-démocratie brouille notre message». François Delapierre, bras droit de Mélenchon, a déclaré qu’il n’est pas cohérent d’avoir des candidats avec « stratégies variables », mettant en garde contre une scission du Front de Gauche (auquel participe le PCF, la Parti de Gauche, la Gauche Anticapitaliste ect) aux prochaines élections européennes.

Mélenchon a salué le choix d’A. Tsipras, soulignant néanmoins quelques caractéristiques spécifiques de SYRIZA : « la résistance intransigeant à l’austérité, l’indépendance face à la social-démocratie, l’indépendance face au système politique pourri ». C’est cela, en effet, comme reflet des luttes ouvrières en Grèce, que symbolise A. Tsipras aux yeux de grandes franges de la gauche et du mouvement ouvrier en Europe. Et cela, SYRIZA doit veiller à le préserver comme la prunelle de ses yeux.