Paru sur Rproject, l'auteur est membre de la direction de SYRIZA et de DEA (Gauche ouvrière Internationaliste).
Précisions :
La GSEE (Confédération Générale des Travailleurs de Grèce) est le syndicat unique du privé. ADEDY rassemble les structures syndicales de la fonction publique. Elles comprennent des tendances syndicales liées aux différentes organisations politiques.
PASKE est la tendance syndicale liée au PASOK (Parti socialiste), elle a connu de nombreuses défections ces derniers mois.
DAKE est liée à la Nouvelle Démocratie (droite).
L'Intervention Autonome est le courant lié à SYRIZA.
PAME est la tendance syndicale du KKE (Parti Communiste de Grèce).
ANTARSYA ne dispose pas d'une telle fraction syndicale, ses militants interviennent dans des regroupements locaux portant différents noms.
Αntonis Davanellos | 20.03.2013
Les syndicats de base,
les processus de coordination, les campagnes de solidarité sont les « avancées »
précieuses du moment, qui peuvent donner une signification totalement
différente à l’intervention aussi bien au niveau de la GSEE que de l’ADEDY.
Dans un tournant historique pour le
mouvement ouvrier, le 35ème congrès de la GSEE, qui aura lieu à
Alexandroupoli (!), provoque l’indifférence générale.
Presque aucun des problèmes majeurs
des travailleurs et des chômeurs ne parviendra à être discuté dans ses salles,
à transpercer le mur de la glaciale inertie bureaucratique qui depuis longtemps
prévaut dans la Confédération.
La direction de Panagopoulos dans
PASKE, en alliance avec DAKE, ont imposé aux sommets des syndicats l’acceptation
des politiques mémorandaires, réduisant le rôle de la GSEE en amortisseur des soubresauts
que la colère provoque dans la classe ouvrière. Les grèves générales
successives ont d’une part été décidées sous la pression de la base, mais d’autre
part ont été organisées de façon à ce que le mouvement ouvrier ne puisse obtenir des résultats déterminants.
A la fin de cette période les directions
syndicales bureaucratiques étaient : 1) incapable de se constituer une
relève. 2) en crise profonde et définitive.
Elles sont incapables de se renouveler,
même à perte. Le 35ème Congrès ne sera pas le reflet de la
conjoncture actuelle, mais de votes éparpillés dans les syndicats qui ont pu
avoir lieu il y a des mois.
Le 35ème congrès sera le
reflet d’une fausse représentation, renforcée par le terrorisme patronal, mais
aussi par « conquête » de PASKE-DAKE (et malheureusement aujourd’hui
par le PAME), qui consiste à imposer à des dizaines de syndicats des magouilles
d’une ampleur incroyable. Malgré cela, tant PASKE que DAKE connaîtront des
pertes, avec pour résultat que la prochaine direction de la Confédération aura
pour contrainte, pour pouvoir exercer son contrôle, la collaboration étroite de
ces deux plateformes impitoyablement amies.
Pourtant, dans le même temps,
PASKE-DAKE connaissent une crise profonde. Du côté de PASKE est apparue la
scission d’EMEIS (Front Uni des Syndicats Puissants) à partir de syndicalistes socio-démocrates
« radicaux » (GENOP-DEI, EK Athènes, ect…). La rupture aurait pu être
encore plus profonde, si ceux qui en ont pris l’initiative avaient agi avec
plus d’audace et plus vite.
Du côté de DAKE les choses sont
troublées par le conflit avec les partisans de Samaras « antimémorandums »,
et le conflit entre les « caramanlistes » et les « samaristes »
Ceci n’est cependant que le sommet de
l’iceberg. Le grand problème des bureaucrates est que leurs options actuelles ne
peuvent mobiliser presque personne, qu’ils se trouvent davantage confrontés à l’écœurement
de la grande majorité des travailleurs. Le terme péjoratif de « patrons »
va aujourd’hui comme un gant au courant majoritaire de la GSEE.
PAME, qui avait théoriquement évolué
sur une base antibureaucratique, a échoué. Dans aucun des secteurs qu’il
contrôle il n’est parvenu à montrer des exemples crédibles d’une résistance
plus efficace. Il perd des forces sur le terrain, tandis que son maintien à
certains postes reflète souvent des processus artificiels.
L’Intervention Autonome connaîtra une
montée, mais pas équivalente au bond de SYRIZA dans la société. Cela est dû à
des difficultés spécifiques au sein des syndicats, aux conservatismes dans l’opposition
à la bureaucratie, et surtout à la présence très limitée de forces organisées
dans le secteur privé.
Les forces syndicales de la gauche
interviendront à Alexandroupoli, représenteront leurs positions dans la
prochaine direction et continueront à agir en son sein. C’est juste. Mais peu
de choses sortiront de cette activité. La priorité doit être donnée à l’activité
par en bas.
Le mouvement ouvrier en est revenu à l’époque
où le facteur décisif est l’intervention sur le lieu de travail, le rassemblement
des collègues, le potentiel pour une intervention réelle. Ce travail fera
apparaître une nouvelle génération de syndicalistes, ainsi que des nouveaux
syndicats. Ce facteur modifiera finalement les relations au sein des syndicats,
balayant les cendres de la bureaucratie.
Les syndicats de base, les processus
de coordination, les campagnes de solidarité sont les « avancées »
précieuses du moment, qui peuvent donner une signification totalement
différente à l’intervention aussi bien au niveau de la GSEE que de l’ADEDY.
Dans le même temps, une autre activité
est nécessaire, au-delà du syndicalisme classique : la solidarité envers
les chômeurs, l’action contre les coupes dans les dépenses sociales, la
revendication d’écoles publiques, d’hôpitaux, de crèches, ect…
Cette activité doit renforcer les
relations entre les travailleurs syndiqués et la « population » en
général, les personnes qui mènent la bataille de la résistance populaire dans
le quartier, l’école, le village. Et inversement : la réorganisation des syndicats
ne peut qu’être l’affaire de toute la société, de toute la gauche. Une très
large campagne ayant pour mot d’ordre « adhérez aux syndicats, exigez des
syndicats, changez les syndicats », doit se déployer partout de façon
urgente.
Parce que nous savons aussi que de la « bergerie »
de Panagopoulos le seul fromage qui sort est le compromis et la soumission.